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Le NOM qui RASSEMBLE
par Georges ANDRÉ
Table des matières :
4 La maison de Dieu (1 Pierre 2:4 à 7).
4.1 telle que le Seigneur la bâtit
6.2 Principe que ce qui est de Dieu subsiste
8.1 Quel est le but de ce ministère ?
8.2 Quel est le ressort de ce ministère ?
9 La Cène et la Table du Seigneur
9.4 L’expression de l’unité du corps
9.4.1 Comment participer à la Cène ?
Le sujet de l’assemblée de Dieu a été exposé maintes fois dans des brochures et des écrits toujours à notre disposition.
Certains d’entre eux présentent l’ensemble de la question, dont le plus récent : A.G. «L’Assemblée de Dieu», est particulièrement à propos. D’autres plus anciens restent toujours actuels, tel : A.L. «La Cène du Seigneur et la Table du Seigneur». D’autres écrits traitent d’aspects particuliers, p. ex. H.R. «Qu’est-ce qu’une réunion d’assemblée ?», J.N.D. «Qu’est-ce qu’une secte ?», JND. «Le culte selon la Parole», WT «Cinq lettres sur le culte et le ministère par l’Esprit», JND. «La discipline».
On pourrait multiplier les titres. Pourquoi donc les pages qui suivent ? Elles n’ont nullement pour but de résumer, ni surtout de remplacer, le trésor à notre disposition. Résultant d’entretiens avec des jeunes gens, renouvelés pendant plusieurs années, souvent en compagnie de serviteurs du Seigneur qu’Il a repris aujourd’hui auprès de Lui, elles n’ont d’autre but que de fournir un cadre à un sujet si vaste. On n’en pourra réellement profiter qu’en se référant sans cesse à la Parole elle-même et en approfondissant les divers écrits mentionnés ci-dessus, auxquels il est constamment fait référence.
Chaque génération a besoin de revenir pour elle-même à la source, afin de demeurer dans les choses non seulement «apprises», mais dont elle a été «pleinement convaincue» (2 Tim. 3:14). Il ne s’agit pas de maintenir une tradition, de se conformer à des pratiques généralement reçues, mais en se tondant sur la Parole et en sachant mettre à profit le ministère écrit que le Seigneur nous a laissé, d’avoir son coeur engagé dans ce qu’Il a de plus précieux sur la terre : l’assemblée qu’Il a aimée et pour laquelle Il s’est livré lui-même.
Là où deux ou trois sont assemblés à mon nom, je suis là au milieu d’eux (Matth. 18:20).
Celui qui n’assemble pas avec Moi, disperse (Matth. 12:30).
«... Nom qui rassemble en Ton absence Tes rachetés autour de Toi» (cantique)
Jésus — «il n’y a point d’autre nom sous le ciel, qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés» (Act. 4:12). Il n’y en a point d’autre, non plus, pour être le centre du rassemblement des rachetés (Matt. 18:20).
Après avoir délivré les fils d’Israël d’Égypte, Dieu a voulu les rassembler et habiter au milieu d’eux dans le tabernacle (Ex. 25:8 ; 29:45, 46).
Une fois entré «dans le pays» (Deut. 12), le peuple devait chercher le lieu où l’Éternel mettrait Son nom. Des siècles s’écoulèrent jusqu’à ce que Jérusalem fût conquise et le temple érigé sur la montagne de Morija, où Abraham avait offert Isaac, et David les sacrifices lors de la peste. La nuée remplit le temple (2 Chron. 5:13), comme elle avait rempli le tabernacle (Ex. 40:34). Après des siècles d’infidélité de la part du peuple et de patience de la part de Dieu, la nuée quitta le temple (Ézéch. 10:4, 18 ; 11:23) ; celui-ci, détruit et rebâti à deux reprises, fut finalement anéanti quarante ans après la mort du Sauveur.
Aujourd’hui, l’habitation de Dieu sur la terre n’est plus dans une maison faite de main, mais, par Son Esprit, il habite dans les coeurs des siens. Éphésiens 2:21 nous présente les croyants sous la forme d’un édifice en construction, qui «croît pour être un temple saint dans le Seigneur», édifice qui ne sera terminé qu’à Son retour. Mais le verset 22 nous les présente comme édifiés ensemble pour être actuellement «une habitation de Dieu par l’Esprit».
Les brebis d’Israël étaient maintenues ensemble par la clôture des lois et ordonnances : c’était l’époque de la «bergerie» (Jean 10:1). Le Seigneur en a fait sortir Ses brebis juives (v. 3-4), mais Il ajoute : «J’ai d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie ; il faut que je les amène elles aussi, (v. 16 : celles qu’Il allait tirer d’entre les nations) et il y aura un seul troupeau, un seul berger». Dorénavant, ce ne sont plus des murs qui maintiennent ensemble les brebis, mais un centre : le seul Berger.
Nous voyons dans les Actes comment les âmes furent ajoutées «à l’assemblée» (2:47), «au Seigneur» (5:14 : d’entre les juifs) et de nouveau «au Seigneur» (11:24 : d’entre les gentils) pour former «l’assemblée» (v. 26).
Lui seul est le centre de rassemblement. C’est un Christ connu en puissance et en grâce qui doit grouper les âmes autour de Lui, non pas des doctrines, si utiles soient-elles à leur place.
La Parole emploie entre autres quatre figures pour représenter l’ensemble des croyants :
Le troupeau, dont le Berger est le centre
Le corps, dont Christ est la Tête
La maison, dont Jésus Christ est la maîtresse pierre du coin
L’épouse, dont l’Agneau est l’Époux.
Le croyant est appelé à suivre individuellement le Seigneur. C’est la marche, où Christ est son Modèle. C’est aussi le désir du Seigneur de rassembler autour de Lui ses rachetés pour être leur Centre. Mais combien il faut prendre garde de ne pas prétendre appliquer strictement et théoriquement les vérités du rassemblement, tout en marchant soi-même individuellement en déshonorant le Seigneur : discrédit jeté sur Son Nom, sur Son témoignage et pierre d’achoppement pour ceux qui voudraient s’approcher.
«Pourquoi me persécutes-tu ?», avait dit le Seigneur de gloire à Saul, terrassé sur le chemin de Damas ; Saul ne persécutait pourtant pas Jésus, mais les siens ; pourtant, en les pourchassant, il s’en prenait de fait au Seigneur Lui-même, qui les reconnaissait comme étant un avec Lui. Saul devait être le vase par lequel Dieu révélerait le mystère caché dès les siècles : l’union de Christ avec Ses rachetés en un seul corps.
1 Corinthiens 12:13 nous déclare : «Nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit hommes libres». Le baptême du Saint Esprit a eu lieu à la Pentecôte ; cette expression n’est employée qu’en relation avec la formation du corps de Christ. Depuis lors, tous ceux qui, ayant entendu l’évangile, l’ont cru, ont été «scellée du Saint Esprit» (Éph. 1:13). Tous les croyants sont ainsi devenus participants de ce baptême et par le Saint Esprit sont formés en un seul corps. Le Saint Esprit comme Personne, venu sur la terre à la Pentecôte, quittera ce monde avec l’Église à la venue du Seigneur (2 Thess. 2:7). Tous les croyants donc, depuis la Pentecôte jusqu’au retour du Seigneur, font partie du corps de Christ (Éph. 1:23). L’expression est aussi employée pour indiquer soit tous les saints vivant sur la terre à un moment donné (Rom. 12:5), soit ceux existant à un moment donné dans une localité (1 Cor. 12:27).
Cette unité du corps de Christ existe donc ; elle est produite par le Saint Esprit, comme résultat de l’oeuvre du Seigneur Jésus à la croix. Il ne s’agit pas de la créer, mais de la garder (Éph. 4:3) et de la montrer (voir «Letters of J.N.D» 3:58). Selon 1 Corinthiens 10:17 «il n’existe pas d’autre moyen de représenter ou d’exprimer publiquement l’unité du corps de Christ qu’en participant à la fraction du pain» (R. B).
Le corps de Christ est un organisme vivant, et non pas une organisation dont on fait partie à volonté parce que l’on adhère à une certaine profession de foi, ou que l’on est d’accord sur divers points. Qu’il le sache ou non, qu’il le veuille ou non, tout racheté du Seigneur est un membre du corps de Christ à cause de ce que le Seigneur Jésus a fait pour lui et de lui. Il s’agit donc de donner expression à ce que l’on est, et non de le devenir.
Éphésiens 4:15 et 16 et Colossiens 2:19 nous montrent que le corps tire tout de la tête : Christ dans le ciel. C’est de Lui que, par l’opération de chaque partie dans sa mesure, «le corps... produit... l’accroissement du corps». Dans le corps «bien ajusté et lié ensemble» et «alimenté», il ne peut y avoir prospérité que si «chaque jointure du fournissement», «chaque partie dans sa mesure», accomplit ce qui lui a été confié ; sinon il n’en résulte que faiblesse et confusion.
Tout découle de la Tête ; mais le Seigneur a voulu se servir des membres du corps pour son fonctionnement pratique sur la terre. Le corps est un, mais se compose de plusieurs membres, ayant une grande diversité dans leurs fonctions et leurs dons (Rom. 12 ; 1 Cor. 12, Éph. 4).
Personne n’a à choisir le service qu’il désire, «Mais Dieu a placé les membres — chacun d’eux — dans le corps comme Il l’a voulu» (1 Cor. 12:18) ; il veut «que les membres aient un égal soin les une des autres». Des «dons» ont été placés dans l’assemblée, mais aussi toutes sortes de fonctions : des aides, des gouvernements, le service, la distribution, le ministère de la miséricorde.
Trois dangers menacent les membres du corps.
Le premier et le plus fréquent, est de ne pas discerner, ni remplir la fonction que le Seigneur a confiée. On s’endort ; on est indifférent aux intérêts de l’assemblée de Dieu ; on n’est pas exercé, ni pour savoir quel don le Seigneur a pu nous confier, ni pour en désirer avec ardeur un plus grand (1 Cor. 12:31). Quelle perte, non seulement pour soi-même, mais pour l’ensemble !
Le deuxième danger est la jalousie (1 Cor. 12:15 à 17) : le service qui m’est départi est si peu important ; je voudrais celui d’un autre, plus en relief !
Le troisième danger est d’être si imbu de la fonction reçue, que l’on en vienne à mépriser les faibles (1 Cor. 12:21 à 23) : mon don seul est important, je n’ai pas besoin des autres. Danger plus fréquent qu’il n’y paraît à première vue ! Oublierions-nous l’exhortation de 1 Corinthiens 4:7 : «Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si aussi tu l’as reçu, pourquoi te glorifies-tu, comme si tu ne l’avais pas reçu ?»
Mais ces dangers ne doivent pas nous faire perdre de vue la beauté de cet organisme unique, que le Seigneur et la foi considèrent aujourd’hui comme aussi réel qu’aux tout premiers jours de l’histoire de l’Église sur la terre. «Il y a un seul corps». La foi n’en doute pas, mais embrasse dans ce même organisme tous les rachetés du Seigneur, de tous les pays, de toutes les conditions, de toutes les appartenances humaines qui souvent voilent leur vrai caractère (Lire A. L. «Il y a un seul corps»).
Pourquoi l’Esprit de Dieu a-t-il voulu placer entre 1 Corinthiens 12, qui nous parle du corps et de ses membres, et 1 Corinthiens 14, qui nous en donne le fonctionnement pratique dans l’assemblée, le chapitre 13 ? C’est que rien ne peut prospérer sans l’amour. C’est le cadre d’Éphésiens 4:15-16 : «étant vrais dans l’amour... l’édification de lui-même en amour». Non pas l’amour que l’on cherche chez les autres ; non pas l’amour que l’on prétend ne pas trouver dans le rassemblement local ; mais l’amour du Seigneur dont on est pénétré et qui nous amène à aimer «parce que Lui nous a aimés le premier» ; amour sans lequel «je suis comme un airain qui résonne ou comme une cymbale retentissante... je ne suis rien... cela ne me profite de rien». Amour qui est «la plus grande chose» du monde, amour qui «ne périt jamais».
Lire aussi : H.R. : «L’épître aux Éphésiens».
La Parole nous présente aussi les croyants comme formant ensemble la maison de Dieu ici-bas.
Les ais du tabernacle en fournissaient une figure : chaque planche avait été prise d’un arbre croissant sur la terre, façonnée, recouverte d’or, dressée sur sa base d’argent. Tel le racheté — tiré de ce monde, revêtu de la justice de Dieu en Christ, fondé sur la rédemption. Mais un ais tout seul n’aurait pu se tenir debout ; il fallait les réunir en un tout pour en former le tabernacle, qui devenait la Maison de Dieu (*).
(*) Voir notre brochure «le tabernacle»
Il en fut de même avec les pierres du temple de Salomon. Tirées de la carrière, sciées aux dimensions voulues, elles étaient ensuite apportées à l’édifice qui progressivement s’élevait.
Et aujourd’hui, nous est-il dit, «vous-mêmes aussi, comme des pierres vivantes, êtes édifiés une maison spirituelle». Cette maison spirituelle est «une habitation de Dieu par l’Esprit» à un moment donné sur la terre, comme aussi «un temple saint dans le Seigneur» qui va croissant jusqu’à ce qu’il soit terminé et que le Seigneur le prenne auprès de Lui (Éph. 2:21-22).
Sous cet aspect, la maison de Dieu est :
Il dit en Matthieu 16 : «Je bâtirai mon assemblée». C’est Lui qui voulait donc la construire ; mais cet édifice était encore futur ; en Actes 2 seulement, nous le voyons venir à l’existence. Lui-même en est le roc de fondement, la maîtresse pierre du coin. A travers les âges, Il y ajoute des pierres vivantes, les unes après les autres, jusqu’à ce que Son travail étant achevé, l’assemblée devienne la sainte cité que nous voyons briller à la fin de l’Apocalypse (Voir H.R. «Épître aux Éphésiens», page 12).
Mais la construction de cet édifice a été, sous un autre aspect,
1 Corinthiens 3:9 à 17 nous en donne le tableau. Le fondement a été posé : Jésus Christ. Les apôtres, puis les serviteurs à travers les âges, ont édifié sur le fondement. Mais tous n’ont pas apporté «de l’or, de l’argent ou des pierres précieuses» : des enseignements selon la Parole qui «engendre» des âmes ayant la vie de Dieu, revêtues de la justice de Dieu en Christ, fondées sur la rédemption, reflétant quelques-unes des gloires du Seigneur Jésus ; d’autres enseignements n’ont produit que «du bois, du foin, du chaume» : beaucoup d’apparence, un grand volume (au contraire d’une pierre précieuse !), mais aucune réalité. Lorsque le feu éprouve un tel ouvrage, celui-ci est consumé, même si le serviteur lui-même — s’il avait vraiment la vie de Dieu — est sauvé comme à travers le feu. D’autres encore n’ont pas seulement apporté de mauvais matériaux, ils ont corrompu le temple de Dieu et «Dieu les détruira»(v. 17).
Dans un tel édifice — la chrétienté — il y a donc un mélange de personnes ayant la vie de Dieu, d’autres qui ont peut-être une vie morale et rangée, mais ne sont pas nées de nouveau, d’autres encore qui sont vraiment corrompues. La «maison de Dieu» devient une «grande maison», comme nous le verrons en 2 Timothée 2.
Le corps de Christ nous a donc donné la pensée prédominante de l’indissoluble union, de l’unité des rachetés ; la maison de Dieu place devant nous la responsabilité de ceux qui l’édifient et de ceux qui prétendent en faire partie (Voir H.R. : «Entretiens sur 1 Corinthiens», page 33 à 36).
Pourquoi cette maison si bien fondée et édifiée à ses débuts, a-t-elle été ruinée pour présenter la confusion actuelle ? «Un ennemi a fait cela... pendant que les hommes dormaient».
Le Seigneur l’avait annoncé, notamment, dans les paraboles de Matthieu 13. Celle de l’ivraie nous parle du mélange des fils du royaume et des fils du méchant. Le grain de moutarde, du développement contre nature aboutissant au grand arbre qui abrite le mal dans ses branches ; celle du levain annonce comment les trois mesures de farine — perfection et pureté de la Personne du Seigneur Jésus et de tout ce qui s’y rattache — ont été dans l’enseignement contaminées par un peu de levain, de sorte que toute la pâte en est imprégnée. 1 Corinthiens 5:6 nous montre le danger du levain comme mal moral dans la conduite de ceux qui sont «appelés frères» ; Galates 5:9 applique la même expression aux enseignements erronés qui font déchoir les âmes de la grâce.
Les apôtres aussi avaient prédit cette ruine. Paul parle aux anciens d’Éphèse des «loups» qui entreraient parmi eux et n’épargneraient pas le troupeau ; des hommes qui se lèveraient d’entre eux-mêmes «annonçant des doctrines perverses pour attirer les disciples après eux». Bien des épîtres, comme la deuxième à Timothée, la deuxième de Pierre, celles de Jude, et de Jean, placent devant nous le tableau de ce mal qui irait grandissant. Et les lettres aux sept assemblées d’Apocalypse 2 et 3, nous montrent comment après avoir abandonné le premier amour, l’assemblée s’est toujours plus écartée du Seigneur pour aboutir à l’état de Laodicée où Il n’a même plus sa place (Apoc. 3:20 !).
Cette ruine est aussi visible autour de nous ; dans combien de milieux, l’incrédulité et le rationalisme n’ont-ils pas fait de ravages ; ailleurs c’est le ministère de l’homme, la hiérarchie établie ; un peu partout, le formalisme, les divisions et subdivisions.
Il est inutile de vouloir nier cette ruine. Il faut la reconnaître, s’en humilier, en accepter les conséquences. Croire que l’on pourrait «recommencer», serait s’exposer à une ruine nouvelle, car l’homme reste l’homme, malgré tout ce que la grâce lui a apporté.
Nous n’avons donc pas à attendre de restauration de l’Église comme témoignage sur la terre. Dieu ne répare pas ce que l’homme a gâté.
Mais nous pouvons être tout aussi assurés que ce que Christ a fait, demeure : «Les portes du hadès ne prévaudront pas contre elle». Il importe donc de distinguer entre ce qui est ruiné : la maison de Dieu en tant que confiée à la responsabilité de l’homme ; et ce qui demeure : le corps de Christ, l’épouse de l’Agneau, la promesse de la présence du Seigneur au milieu des deux ou trois rassemblés à son nom.
Faut-il rester seul ? C’est une pensée qui a de l’attrait pour d’aucuns. J.N.D. l’écrivait une fois : Il est plus facile de marcher seul que de prendre sa part des tristesses de l’Église de Dieu sur la terre ! Mais le désir du Seigneur n’est-il pas de rassembler les siens ? C’est avec chagrin qu’Il leur dit en Jean 16:32 : «Vous serez dispersés chacun chez soi». Mais avec quelle joie au soir de la résurrection, Il vient au milieu d’eux, leur montre Ses mains et Son côté ; «les disciples se réjouirent donc quand ils virent le Seigneur».
Ézéchiel 43:10 nous donne un enseignement pratique, applicable à la situation actuelle : «Montre à la maison d’Israël la maison, afin qu’ils soient confus à cause de leurs iniquités». Le Seigneur place devant nous ce que Lui a fait ; la maison de Dieu telle qu’Il l’a bâtie. «Et s’ils sont confus de tout ce qu’ils ont fait, fais-leur connaître la forme de la maison, et son arrangement et ses issues et ses entrées et toutes ses formes». Si nos coeurs sont humiliés et attristés de voir ce que nous avons fait de ce que le Seigneur nous avait confié — car nous sommes tous solidaires et responsables — si nous sommes vraiment confus, le Seigneur ne nous montrera-t-Il pas un chemin, une issue ; ne nous fera-t-Il pas connaître Ses pensées, malgré les difficultés des jours actuels ?
Aujourd’hui, comme autrefois, Il nous appelle à sortir vers Lui, hors du camp et, maintenant, à le faire comme membres de Son corps.
Pour saisir la position que peuvent prendre aujourd’hui les rachetés du Seigneur qui désirent, malgré tout, se réunir autour de Lui, il faut considérer deux principes fondamentaux que nous appellerons :
3.1. le principe du «résidu»,
3.2. le principe que ce qui est de Dieu subsiste.
Lorsque Israël eut fait le veau d’or, la justice de Dieu aurait dû détruire le peuple. Il répondit cependant à l’intercession de Moïse et l’épargna. Celui-ci «prit une tente et la tendit hors du camp et il l’appela la tente d’assignation ; et il arriva que tous ceux qui cherchaient l’Éternel sortirent vers la tente d’assignation qui était hors du camp». Le peuple, dans son ensemble, ne sortait pas ; depuis l’entrée de leur tente, il suivait des yeux Moïse, lorsqu’il se rendait lui-même à la tente d’assignation (Ex. 33:8) ; mais quelques-uns sortaient effectivement hors du camp (v. 7), un résidu qui s’attachait à son Dieu.
En Ézéchiel 9, nous voyons l’homme vêtu de fin lin marquer au front ceux qui soupiraient et gémissaient à cause de toutes les abominations qui se commettaient à Jérusalem. L’ensemble allait être atteint par le jugement, mais un résidu qui craignait l’Éternel était épargné.
Dans Malachie 3:16, nous retrouvons le même principe. Un siècle s’était écoulé depuis le retour de la captivité ; parmi ceux qui un jour avaient acclamé avec joie la fondation du temple, il ne restait, au milieu d’une masse qui s’était détournée, que quelques-uns qui «craignaient l’Éternel et parlaient l’un à l’autre» ; résidu qui pensait à Son nom et pour lesquels «un livre de souvenir a été écrit».
C’est le même principe que nous retrouvons en 2 Timothée 2:17 à 22. Plusieurs se disputaient sans aucun profit et «pour la subversion des auditeurs» ; des «discours vains et profanes» étaient présentés : ceux qui s’y livraient iraient plus avant dans l’impiété, leurs paroles rongeraient comme une gangrène ; des cas spécifiques de faux enseignements sont relevés, tels Hyménée et Philète. Quelques-uns les écoutaient et leur foi était renversée. Grande responsabilité de ceux qui enseignaient faussement et responsabilité aussi de ceux qui les écoutaient. Que faire dans une telle situation ?
Ce que Dieu a établi, demeure, comme nous le verrons tout à l’heure, et «le Seigneur connaît ceux qui sont siens». La responsabilité de ceux qui s’attachent à Lui est alors double : «se retirer de l’iniquité», c’est-à-dire de tout ce que l’homme a établi et qui n’est pas conforme à la Parole de Dieu ; et «se purifier» des vases qui sont à déshonneur. Par analogie à 1 Corinthiens 3, on pourrait, dans les vases d’or et d’argent, voir les rachetés qui ont la vie de Dieu et sont fondés sur la rédemption ; tandis que dans les vases de bois et de terre, matériaux qui ne supportent pas le feu, ceux qui n’ont pas la vie. On pourrait aussi, selon le contexte des versets précédents dans 2 Timothée 2, rapprocher les «vases à déshonneur» de ceux qui enseignent faussement et de leurs auditeurs. Enfin, il ne s’agit pas seulement de la réalité intérieure de la vie divine, que parfois seul le Seigneur discerne (v. 19), mais aussi du témoignage rendu (cf. v. 22).
Mais il n’est pas selon Dieu que le croyant reste seul : «Poursuis, dit l’apôtre, la justice, la foi, l’amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un coeur pur». Ainsi un résidu se forme selon les mêmes principes que dans l’Ancien Testament, afin de s’attacher au Seigneur et de ne pas prononcer Son nom en vain.
Mais s’il faut, selon Hébreux 13, sortir «hors du camp», la Parole souligne que c’est «vers Lui» qu’il s’agit de se rendre : Christ comme centre de rassemblement demeure ; c’est aujourd’hui, comme aux premiers jours de l’Église, le même Nom qui rassemble.
Nous avons vu que si la maison de Dieu, confiée à la responsabilité de l’homme, a été ruinée, il n’en est pas de même du corps de Christ qui comprend tous les rachetés et qui, aux yeux du Seigneur et pour la foi, subsiste aujourd’hui comme aux premiers jours. Si l’on se réunit en réalisant le principe du résidu, il faut que ce soit donc comme membres du corps de Christ et non pas pour former une congrégation basée sur l’accord de ses membres entre eux. C’est parce que le Seigneur Jésus nous a unis ensemble que nous avons le droit et le devoir de nous réunir comme membres de Son corps ; il n’y a pas d’autre base de rassemblement. Il ne s’agit pas de créer quelque chose, mais comme on l’a dit, de «donner expression à ce qui existe». Dans un tel rassemblement, on sera soumis au Seigneur, Tête du corps et Chef de l’assemblée, qui seul confère des dons et appelle Ses serviteurs. Il n’y aura ni consécration officielle, ni hiérarchie humaine. On sera soumis à la Parole et à toute la Parole, évitant soigneusement les vues particulières. Le Saint Esprit dirigera l’action dans l’assemblée et non un clergé établi (voir A.G. «Assemblée de Dieu», pages 32 à 39).
C’est en pratique un problème difficile et souvent douloureux de faire la synthèse de ces deux principes : appliquer seulement celui du résidu conduit à une position sectaire (Voir J.N.D. «Qu’est-ce qu’une secte ?»).
S’en tenir uniquement au principe que ce qui est de Dieu subsiste, conduit à s’allier tous les croyants, sans discernement.
De fait le corps de Christ inclut tous les rachetés et on ne peut se rassembler que parce que l’on est membre de ce corps et pas parce que l’on est d’accord sur certaines idées ou sur certains points d’union. Après être «sortis vers Lui hors du camp», on se rassemble «parce que Lui nous a mis ensemble». Un tel rassemblement exprime l’unité du corps par la fraction du pain, selon 1 Corinthiens 10:17 ; il exclut toute organisation humaine ou congrégation sur une autre base ; il inclut en substance tous les croyants et leur est ouvert parce qu’ils sont membres du corps ; il reçoit tous ceux qui sont membres du corps de Christ et veulent se réunir autour du Seigneur Jésus comme tels, et qui apportent la doctrine de Christ sans être entachés de fausses doctrines ou associés à elles, et qui marchent dans la crainte de Dieu.
Fréquenter un autre rassemblement établi sur une base différente et, plus encore, y rompre le pain, c’est méconnaître le fondement même du rassemblement selon l’unité du corps et reconnaître pratiquement des congrégations établies sur d’autres principes.
Tout ceci ne touche pas les relations individuelles des enfants de Dieu entre eux, selon l’unité de la famille de Dieu, enfants qui ont tous le même Père, la même vie : «Cette unité de principe subsiste pleinement et la communion fraternelle qui en dépend est réalisée quelquefois, même très vivement, par les enfants de Dieu séparés ecclésiastiquement».
Jamais nous n’avons à nous comporter envers de vrais enfants de Dieu marchant dans Sa crainte — même si nous ne pouvons pas nous réunir ensemble autour du Seigneur à cause de la position qu’eux prennent — comme nous nous comportons envers des personnes du monde. Un incrédule est ce que la Parole appelle : un «enfant du diable» (1 Jean 3:10), «étranger à la vie de Dieu» (Éph. 4:18), avec lequel nous ne pouvons d’aucune manière nous mettre sous un «joug mal assorti».
Nous savons combien en pratique, tout spécialement depuis une ou deux générations, l’ennemi n’a que trop réussi à obscurcir et à gâter le témoignage rendu à ces vérités ; mais ce n’est pas une raison pour les abandonner. Accepter la ruine et ses conséquences ; être certain que ce qui est de Dieu demeure ; réaliser humblement tout ce que l’on peut encore avoir par la grâce, tout en étant conscient et attristé de ce qui manque ; compter sur la promesse du Seigneur Jésus qu’Il est là présent au milieu des deux ou trois rassemblés à Son nom ; — tout cela peut rester notre part, dont nous pouvons être convaincus, mais en veillant soigneusement à n’élever aucune prétention déplacée, qui ne peut qu’amener le jugement de Celui qui seul a le droit de dire : «Je connais tes oeuvres».
Si, par la grâce de Dieu, on se trouve déjà dans un tel rassemblement, combien il importe de l’apprécier, malgré toutes les faiblesses et les inconséquences qui peuvent s’y faire jour. On aura à coeur, dans la dépendance du Seigneur et en étant soumis les uns aux autres dans la crainte du Christ, d’y être un instrument de bénédiction qui apporte le bien, qui aide, qui édifie, qui encourage (Rom. 14:19), «un vase utile au Maître préparé pour toute bonne oeuvre». «Tenir ferme, le Chef», le Centre, nous gardera et du découragement et de l’orgueil.
La Parole reconnaît des occasions où l’assemblée comme telle est «réunie ensemble» dans la présence du Seigneur, ayant foi en Sa promesse : Je suis là au milieu de deux ou trois assemblés à mon nom.
De telles réunions ont quatre caractères :
a) pour offrir : c’est le culte,
b) pour demander : c’est la prière,
c) pour recevoir . c’est l’édification,
d) pour mener deuil : c’est l’humiliation.
D’autres rencontres occasionnelles ou limitées n’ont pas ce caractère de réunion d’assemblée : l’école du dimanche, des rencontres pour les jeunes, une réunion d’évangélisation convoquée par un évangéliste que le Seigneur a doué dans ce but.
D’autres rencontres, selon les circonstances, pourront ou ne pourront pas avoir le caractère de réunion d’assemblée, telles celles à l’occasion d’un mariage, ou pour l’enseignement dans l’assemblée selon Actes 11:26, ou encore pour informer l’assemblée quant à l’oeuvre du Seigneur au loin, comme en Actes 14:27 et 15:7, 12.
Lire à ce sujet H.R. «Qu’est-ce qu’une réunion d’assemblée» et A.G. «L’assemblée de Dieu», pages 53 à 71.
Lire avec attention, entre autres, les passages suivants : Jean 4:23 et 24 ; 1 Pierre 2:5 ; Hébreux 13:13 à 16 ; Philippiens 3:3.
Nous recommandons sur ce sujet important la brochure J.N.D. : «Le culte selon la Parole».
Qu’est-ce que le culte ? C’est «l’adoration rendue en commun à Dieu, pour ce qu’Il est en Lui-même et ce qu’Il est et a fait en notre faveur» (H.R. ; J.N.D).
C’est le service le plus élevé du chrétien sur la terre ; il répond au désir du Père qui cherche des adorateurs (Jean 4:23) ; le Seigneur Lui-même en a entonné la louange au jour de la résurrection (Ps. 22:22) ; c’est par l’Esprit de Dieu que seulement nous pouvons le rendre (Phil. 3:3).
L’objet du culte est le Père et le Fils. L’adoration ne s’adresse pas au Saint Esprit ; il en est la puissance.
Le sujet du culte n’est pas seulement la reconnaissance que nous éprouvons envers Dieu et envers le Seigneur Jésus pour ce qui a été fait pour nous, tout spécialement à la croix ; mais le culte s’élève pour adorer ce que Dieu est en Lui-même, ce qu’Il a fait pour Christ et de Christ ; il célèbre ce que le Seigneur Jésus est en Lui-même, son dévouement à Dieu, son oeuvre pour nous ; il pourra même monter plus haut encore jusqu’à l’éternel amour du Père pour le Fils et du Fils pour le Père.
Les sacrifices du Lévitique nous aident à mieux entrer dans les divers aspects de l’adoration en rapport avec l’oeuvre de la croix (*).
(*) Voir notre brochure : «Une seule Offrande — Divers sacrifices»
En quoi consiste le culte ?
«Dieu est esprit et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité». Pierre nous parle des «sacrifices spirituels agréables à Dieu par Jésus Christ» ; et Hébreux 13 relève «le fruit des lèvres qui confessent Son Nom».
Dans la Parole, seuls les rachetés chantent. Nous trouvons un premier cantique lorsque Israël délivré d’Égypte, au-delà de la Mer Rouge, entonne la louange à Celui qui l’a racheté. Certains cantiques ou strophes parlent de Dieu ou de Christ ; d’autres plus élevés s’adressent directement au Père ou au Fils.
Des actions de grâces seront exprimées par un frère, bouche de l’assemblée, qui, s’il est vraiment conduit par le Saint Esprit, exprimera les sentiments de l’ensemble et restera dans le courant de pensée que l’Esprit a imprimé au culte ce jour-là.
Mais des moments de silence pourront aussi faire partie de l’adoration : «Ô Dieu ! la louange t’attend dans le silence en Sion» (Ps. 65:1). Lorsque Marie a brisé son vase, aucune parole ne fut prononcée, mais «la maison fut remplie de l’odeur du parfum» (Jean 12).
Une lecture appropriée de quelques versets de la Parole pourra stimuler, orienter la louange et aider à mieux l’exprimer ; mais le ministère, proprement dit, n’a pas sa place dans le culte ; à la fin de l’heure consacrée à l’adoration, il peut cependant s’exercer d’une manière utile et profitable, en rapport avec les pensées que l’Esprit a mises sur les coeurs et dans les bouches.
La bienfaisance fait aussi partie intégrante du culte, selon Hébreux 13:16 : «Dieu prend plaisir à de tels sacrifices» ; rappelant en cela Deutéronome 26:12 et 13, où les besoins des serviteurs de Dieu, comme ceux des orphelins, de la veuve et de l’étranger, sont placés devant le coeur de l’Israélite qui venait offrir la corbeille des prémices.
Plus encore que des paroles, des cantiques, des prières, l’acte même de la cène exprimera la reconnaissance et l’adoration ; c’est le centre normal du culte, son point culminant, quoique l’on puisse concevoir une réunion de culte sans la cène (A.G. : «Assemblée de Dieu», page 62).
Lorsque le culte est vraiment rendu «par l’Esprit de Dieu», il y a harmonie de pensées et un certain courant s’établira tantôt dans une direction, tantôt dans l’autre, pour louer le Père de Son amour ; ou l’Agneau de Son sacrifice ; ou rappeler comment a été ouvert le sanctuaire ; ou encore célébrer l’abaissement et l’élévation de Celui qui «remplit toutes choses».
On ne vient pas au culte recevoir une bénédiction, y puiser une force ; moins encore y trouver le pardon de ses péchés ; c’est parce que l’on a reçu toutes ces choses qu’il convient d’en exprimer sa reconnaissance. Le vrai culte ne peut être réalisé si l’on n’a pas la paix avec Dieu, si l’on n’entre pas dans le sanctuaire «en pleine assurance de foi» (Héb. 10:22).
Tous les croyants sont sacrificateurs ; il est donc hautement désirable que la louange — sous forme de cantiques ou de prières — soit exprimée par divers frères et non pas réservée à deux ou trois ; et, si nous avons le sentiment profond de l’insuffisance de nos louanges, souvenons-nous qu’elles sont offertes à Dieu «par Jésus Christ» (1 Pierre 2:5), notre grand sacrificateur (Héb. 10:21) ; à cause de Lui, elles sont agréées (cf. Ex. 28:36-38).
Il n’y a pas sur la terre d’heure plus précieuse, de service plus élevé, que de répondre au désir du Père qui cherche des adorateurs ; au désir du Seigneur Jésus, qui nous demande de «faire ceci en mémoire de Lui» ; c’est comme l’avait fait Marie, «une bonne oeuvre envers Moi».
«Si deux d’entre vous sont d’accord sur la terre pour une chose quelconque, quelle que soit la chose qu’ils demanderont, elle sera faite pour eux par mon Père qui est dans les cieux».
Cette promesse précède immédiatement l’assurance donnée par le Seigneur de Sa présence au milieu des deux ou trois assemblés à Son Nom, d’où l’importance de la réunion de prière et de sa fréquentation.
Ceux qui prient «sont d’accord». Il ne s’agit pas d’un accord concerté d’avance ; ils ne se sont pas «mis d’accord» ; mais le Saint Esprit produit en eux cet accord auquel celui qui prononce la prière ne fait que donner expression. On comprend combien sont iniques des prières qui expriment le désaccord entre frères, aboutissant au jugement de Jacques 5:9.
Comme pour le culte, il importe de prier «par le Saint Esprit» (Jude 20). Les prières seront courtes, demandant «une chose» (Matt. 18:19), en évitant soigneusement une longue énumération qui, comme on l’a dit, «coupe les bras» de ceux qui ensuite auraient à coeur de prier ! La prière en assemblée n’est pas faite pour exposer à Dieu des vérités. Sans doute, s’appuiera-t-on sur des promesses ou des enseignements de la Parole que l’on pourra mentionner comme fondement des besoins exposés ; mais cela est bien autre chose. Ce ne sont enfin pas les circonstances personnelles qui seront présentées, mais celles de l’assemblée, ou bien des individus qui la composent, l’oeuvre du Seigneur dans ce monde, les âmes perdues ; bref les besoins innombrables que l’assemblée comme telle aura à coeur de présenter au Seigneur par la bouche de celui qui prononce la prière.
Plus encore que dans toute autre réunion, tous les frères sont appelés à exprimer la prière ; il y a là une responsabilité particulière des jeunes, qui seront certainement encouragés par leurs aînés s’ils ont à coeur, dans la dépendance du Seigneur, avec tact et mesure, de prendre activement part à une telle rencontre.
Ajoutons enfin que tous, frères et soeurs, non seulement peuvent, mais doivent, dire «amen», à moins que la prière ait été inintelligible (1 Cor. 14:16) ou vraiment déplacée. L’amen ne doit pas seulement être pensé, mais dit.
Pour être pratiquement à même de s’exprimer à la réunion de prière, il faut avoir pris l’habitude de prier avec d’autres : entre amis, dans la famille, lors de visites. Rien ne cimente davantage une amitié en Christ que de s’approcher ensemble du Seigneur dans la prière. N’ayons crainte de nous y exercer dès notre jeunesse.
La distraction
Quelle arme puissante aux mains de l’ennemi pour nous faire perdre le bénéfice du culte et de la réunion de prière !
Pour éviter la distraction que provoquent nos occupations de la semaine, prenons la ferme habitude, comme Néhémie autrefois fermait les portes de la ville, de fermer les «portes» de notre esprit à ces choses, dès que «vient l’ombre» la veille du jour du Seigneur, pour les rouvrir seulement lorsqu’il est passé. Si avec prière on compte sur Lui, Il donnera l’énergie de le faire (Néh. 13:19 à 21).
Il importe quant à nos préoccupations, nos soucis, avant le culte ou la réunion de prière, d’«en toutes choses exposer nos requêtes à Dieu par des prières et des supplications avec des actions de grâces ; et la paix de Dieu gardera nos pensées dans le Christ Jésus» (Phil. 4). Promesse précieuse dont nous pouvons nous emparer, et dont il faut mettre en pratique l’exhortation.
Une fois réunis autour du Seigneur, concentrons nos pensées et les regards de notre âme sur Lui et non sur ce qui nous entoure ; les coups d’oeil et les sourires qui s’échangent parfois entre les bancs, ne sont-ils pas incompatibles avec la présence de Celui qui est là, quoique invisible ? Et l’on peut sortir du local avant l’heure en esprit, même si physiquement on est resté assis à sa place !
1 Corinthiens 14 nous en donne le tableau. L’assemblée tout entière est réunie et, par le moyen de l’un ou de l’autre, le Seigneur donne «un psaume, un enseignement, une révélation». Il ne s’agit pas, à proprement parler, de l’exercice des dons ; mais «vous pouvez tous prophétiser un à un». Dans la même rencontre, la norme est «deux ou trois» (ce qui n’est pas limitatif, comme pour les langues : «deux ou tout au plus trois») ; mais, dans l’ensemble des réunions, chacun peut être l’instrument dont le Seigneur se sert.
Tout doit être fait «pour l’édification» ; lecture publique de la Parole (1 Tim. 4:13), exhortation et consolation qui en découlent ; des cantiques aussi peuvent «édifier» (Col. 3:16), de même que des prières (1 Cor. 14:17).
C’est en venant chercher le Seigneur Lui-même et en ayant foi dans l’opération de l’Esprit dans l’assemblée, que l’on trouvera la bénédiction en de telles rencontres. Il importe que tous les frères soient exercés quant à l’action ; on ne s’en remettra pas nécessairement à l’un ou l’autre qui a un don particulier, ou se trouve de passage. Mais comment apporter ce dont on n’aura pas été nourri soi-même ? Comment aussi être dépendant du Seigneur au local si l’on n’a pas marché journellement dans Sa communion et sur Ses traces ?
Il importe aussi de se souvenir que celui qui parle, le fait «comme oracle de Dieu» (1 Pierre 4:11). Solennelle responsabilité pour lui, mais aussi pour les auditeurs !
«N’éteignez pas l’Esprit», dit l’apôtre aux Thessaloniciens (1 Thess. 5:19). On peut le faire en prenant la parole mal à propos, ou en s’abstenant de la prendre lorsque l’Esprit y conduit ; mais certainement, les critiques trop fréquentes de l’assistance, ce facile esprit de dénigrement, sont-ils le plus grand obstacle à la libre action de l’Esprit dans le rassemblement. Une observation, même entièrement justifiée, faite sans le tact nécessaire, ou sans amour, peut aussi éteindre l’Esprit.
Il va sans dire que les «dons» que le Seigneur a confiés aux siens s’exerceront librement, mais en aucun cas exclusivement, dans les réunions d’assemblée.
Lire : 1 Cor. 12 ; Éph. 4:7 à 16 ; Rom. 12:4 à 8 ; 1 Pierre 4:10 et 11. A.G. «Assemblée de Dieu», p. 40 à 53. WT «Cinq Lettres sur le culte et le ministère par l’Esprit».
De tous les passages ci-dessus ressort une chose primordiale : le Seigneur donne. Dans les Éphésiens, c’est Christ qui a donné ; dans les Corinthiens, c’est Dieu qui a placé dans l’assemblée ; dans les Romains, comme dans 1 Pierre, on a des dons de grâces différents.
Ce n’est donc pas par le choix des hommes, fût-ce d’un frère éminent, ou d’un groupe de frères, ou même d’une assemblée, que quelqu’un est appelé au ministère de la Parole ou à une fonction quelconque, mais c’est Dieu qui confère le don «comme Il l’a voulu», «comme il Lui plaît». Il n’y a donc ni investiture, ni consécration, ni succession. L’assemblée donnera la «main d’association» à celui qui a été ainsi doué ; elle reconnaîtra ce que Dieu a fait, mais elle ne conférera rien.
Éphésiens 4:12 à 16 nous donne la réponse :
a) «en vue du perfectionnement des saints, pour l’oeuvre du service, pour l’édification du corps de Christ» (v. 12). Le but du ministère est donc en première ligne l’édification, la construction de cet édifice que le Seigneur a confié aux siens : l’évangéliste dans l’oeuvre du service qui lui est dévolu, amènera, par la grâce du Seigneur, des âmes, de ce monde jusque dans le rassemblement ; tel le Samaritain qui trouve le blessé au bord de la route, se penche, ému de compassion, sur lui, le panse, le met sur sa propre bête et le conduit jusqu’à l’hôtellerie. Là il le remet aux soins de l’hôtelier, figure du Saint Esprit agissant par les dons de prophètes, pasteurs et docteurs dans l’assemblée, pour le perfectionnement et l’édification.
b) «jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait» (v. 13). Il s’agit de croître. Un petit enfant en Christ qui vient de «naître de nouveau» possède déjà en Lui tout ce qu’il aura jamais ; mais il ne connaît ni sa position, ni son héritage. Le but du ministère est donc de le faire grandir, afin que lui et tous ses semblables parviennent à l’état d’homme fait : celui d’un croyant qui a vraiment saisi sa position en Christ, en a l’assurance et en jouit («Vous en Moi, et Moi en vous !»)
c) «Afin que nous ne soyons plus de petits enfants ballottés et emportés çà et là par tout vent de doctrine» (v. 14). Celui qui n’est pas affermi dans la vérité et n’a pas appris à discerner le bien du mal, est facilement égaré par diverses influences. De là, d’une part, la nécessité du ministère pour affermir dans la vérité et, d’autre part, le danger, surtout pour les jeunes, de lire ou écouter des enseignements dont on n’est pas sûr d’avance qu’ils soient selon la pensée du Seigneur. Combien facilement des idées étrangères se glissent et font ensuite leur chemin dans l’esprit pour, avec habileté, «égarer par des voies détournées».
d) «Que, étant vrais dans l’amour, nous croissions jusqu’à Lui» (v. 15). Voilà le but suprême du ministère : «Jusqu’à Lui». «Pour le connaître Lui», disait l’apôtre. Au-dessus de la nourriture et de l’édification, au-dessus de l’affermissement dans la vérité, au-dessus de la connaissance, il y a la Personne du Seigneur. On ne peut croître jusqu’à Lui qu’en étant vrai dans l’amour, l’amour pour Lui et pour les siens.
1 Corinthiens 13, si remarquablement placé entre le chapitre 12 et le chapitre 14, nous en donne le secret : l’amour. Le plus beau don sans l’amour n’est qu’une cymbale retentissante, n’est rien et ne profite de rien. L’autre ressort est la gloire de Dieu, selon 1 Pierre 4:11 : «Afin qu’en toutes choses, Dieu soit glorifié par Jésus Christ».
La recherche de soi, le désir d’influence, la vanité, la routine, peuvent rendre stérile un don par ailleurs éminent ; tout au moins jusqu’à ce que, jugeant ces choses, on retourne à la source.
Éphésiens 4 nous dit qu’à «chacun de nous, la grâce a été donnée selon la mesure du don de Christ». Et 1 Corinthiens 12:7 précise : «A chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue de l’utilité». Il en découle que tous les membres du corps ont reçu quelque chose de la part du Seigneur à faire valoir «pour les autres» (1 Pierre 4), «en vue de l’utilité» (1 Cor. 12:7). Une grâce reçue implique une responsabilité de répondre à cette grâce, tout en restant conscient toujours que rien n’est de nous : «Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi te glorifies-tu ?» (1 Cor. 4:7).
Mais il y a des dons spécifiques fondamentaux, qui ne sont pas confiés à tous, conférés par le Seigneur pour le bien de Son assemblée :
a) les apôtres et les prophètes (1 Cor. 12:28, Éph. 4:11) qui ont posé le fondement (Éph. 2:20). Il n’y a pas eu de succession apostolique, rien dans la Parole ne le montre, mais les apôtres agissent toujours au milieu de nous par le moyen des écrits inspirés qu’ils nous ont laissés.
b) Les évangélistes, pasteurs et docteurs continuent à exercer leur ministère encore aujourd’hui. L’évangéliste pour amener les âmes ; les pasteurs et les docteurs — et aussi les prophètes qui selon 1 Corinthiens 14:3, parlent pour l’édification, l’exhortation et la consolation —afin d’édifier les saints, de parler à leur coeur, à leur conscience, à leur intelligence.
Là aussi de tels serviteurs nous ont laissé un ministère écrit ; il n’est d’aucune manière à placer sur le même plan que la Parole inspirée ; mais combien il est utile pour tous ceux qui ont à coeur de croître dans les choses de Dieu.
Des dons-signes sont mentionnés : miracles, langues, dons de grâce de guérison ; leur but essentiel aux premiers temps, était d’accréditer le christianisme, selon Marc 16:20 : «Le Seigneur confirmant la parole par les signes qui l’accompagnaient». On peut penser que de tels dons peuvent se retrouver en des circonstances similaires de certains pays païens, où l’évangile à ses débuts a besoin d’être «confirmé» ; mais, en tout cas quant aux langues, il est dit positivement : «elles cesseront» (1 Cor. 13:8).
Il y a aussi des dons divers, qui ne vont pas nécessairement de pair avec les dons fondamentaux : la parole de sagesse, la parole de connaissance, la foi, le discernement, selon 1 Corinthiens 12:8 à 10. N’oublions pas non plus dans Romains 12:8, celui qui exhorte, celui qui distribue, celui qui est à la tête, et celui ou celle qui exerce la miséricorde.
Une fausse humilité amène à penser qu’il ne faut pas rechercher de tels dons. Mais la Parole est nette : «Désirez avec ardeur les dons spirituels». Il est donc bon, et selon Dieu, d’en faire un sujet de prière, et dans la dépendance du Seigneur, d’être amené à discerner ce qu’Il peut nous confier.
Mais l’on a pu recevoir quelque don et le laisser s’affaiblir, presque s’éteindre faute d’usage ; d’où l’exhortation à Timothée : «Ranime le don de grâce de Dieu qui est en toi» (2 Tim. 1:6).
On peut même en arriver — et combien le cas est plus fréquent peut-être qu’on ne le pense — à négliger complètement le don reçu. Quel dut être l’étonnement d’Archippe quand, pour la première fois, la lettre aux Colossiens fut lue devant l’assemblée et qu’après diverses salutations, tout d’un coup retentit cette exhortation directe : «Dites à Archippe : Prends garde au service que tu as reçu dans le Seigneur, afin que tu l’accomplisses !» Le fils (?) de Philémon a dû sûrement s’en souvenir.
Finalement, rappelons-nous que la Parole nous exhorte à «connaître ceux qui travaillent parmi nous et qui sont à la tête parmi nous dans le Seigneur et qui nous avertissent, et de les estimer très haut en amour» (1 Thess. 5:13). Pas de critique destructive, pas de dénigrement, mais l’estime, l’affection, l’amour, l’obéissance, afin que ceux qui «veillent pour nos âmes» fassent cela «avec joie, et non en gémissant» (Héb. 13:17).
Les passages relatifs à l’institution de la Cène dans les trois premiers évangiles et dans 1 Corinthiens 11, parlent en premier lieu à nos coeurs. Le Seigneur avait «fort désiré» manger une dernière fois la Pâque avec ses disciples ; non pas tant à cause de la Pâque elle-même, mais parce qu’à cette occasion, Il allait instituer la Cène qui, à travers les âges, rappellerait aux siens combien Il les a aimés. Les expressions «avant que je souffre», et «la nuit où il fut livré», marquent ces moments où se fait entendre la Voix qui répète : «Faites ceci en mémoire de moi». Avec le prophète en Ésaïe 26:8, ne voulons-nous pas répondre : «Le désir de notre âme est après Ton Nom et après Ton souvenir ?»
Pourquoi donc l’Esprit de Dieu a-t-il voulu placer devant nous en Luc 22:24, immédiatement après l’institution de la Cène, la contestation qui eut lieu entre les disciples «pour savoir lequel d’entre eux serait estimé le plus grand» ? Le Seigneur ne prévoyait-Il pas qu’à travers les âges, et trop souvent justement à propos de la Cène, il y aurait entre ceux qui pourtant L’aimaient, de semblables disputes ? Il voulait donc montrer quelle attitude les siens doivent revêtir entre eux. Sans doute faut-il défendre la vérité et s’éloigner de toute déviation ou déformation de l’enseignement du Seigneur, mais dans quel esprit cela doit-il se faire ? Lui-même nous en donne un frappant exemple en disant : «Moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert». «Je suis», l’Éternel, le Même, était au milieu d’eux. Grâce infinie de s’être ainsi abaissé. Mais plus encore : il n’était pas au milieu d’eux, dans toute sa puissance et sa gloire, mais «comme Celui qui sert». Ne nous a-t-il pas laissé là un modèle de l’attitude humble qui convient devant tout ce qui concerne le mémorial de ses souffrances, humilité qui n’est nullement incompatible avec la fidélité à Sa Parole et le combat pour «la foi, une fois enseignée aux saints» (Jude 3).
Nous considérerons quatre aspects ou significations de la Cène.
Les Juifs célébraient la Pâque en souvenir de la délivrance d’Égypte. Seul l’Israélite de naissance, dûment circoncis et qui n’était pas impur, était admis à manger de l’agneau rôti au feu. Si un étranger voulait s’approcher, il devait être circoncis et accepter tout ce qui marquait la position de séparation d’Israël (*).
(*) Voir nos notes sur les Nombres : «La marche au désert».
De même aujourd’hui, la Cène est réservée uniquement aux enfants de Dieu, rachetés par le sang précieux de Christ.
La Pâque se célébrait une fois par an ; aucune règle n’est donnée quant à la célébration de la Cène, mais c’est le premier jour de la semaine, au soir de la résurrection, que le Seigneur vint au milieu des siens leur montrer ses mains et son côté. Il attendit huit jours pour revenir de la même manière. C’est aussi le premier jour de la semaine que nous voyons en Troade Paul rompre le pain avec les disciples (Actes 20:7).
Plusieurs fois il est répété dans l’Exode et ailleurs que la Pâque est la Pâque de l’Éternel. 1 Corinthiens 11 insiste que la Cène est celle du Seigneur, où l’on annonce la mort du Seigneur, où l’on a devant les yeux le corps du Seigneur, le sang du Seigneur, la coupe du Seigneur. Il est certainement le Sauveur, mais ses droits de Seigneur, la gloire et l’autorité qui s’y rattachent, sont spécialement mis en avant en rapport avec la Cène.
Mais la Cène est plus particulièrement le mémorial, c’est-à-dire le souvenir du Seigneur : «Faites ceci en mémoire de Moi». C’est donc pour lui, pour nous souvenir de lui, et non pour obtenir une grâce ou une bénédiction, que nous prenons la Cène ; ce souvenir ne s’étend pas seulement à Sa mort, à Son oeuvre, à la délivrance qui en est résultée pour nous, mais à Sa Personne même «... en mémoire de Moi».
«Ceci est mon corps», dit le Seigneur à Ses disciples rassemblés dans la chambre haute. Le pain pouvait-il être autre chose que du pain lorsque le Seigneur Lui-même vivant le tendait à Ses disciples en disant : «Ceci est mon corps» ? Et lorsque Jésus ressuscité et élevé dans la gloire renouvelle en quelque sorte l’institution à Paul («J’ai reçu du Seigneur ce qu’aussi je vous ai enseigné»), Son corps glorieux et ressuscité n’était-il pas dans le ciel ? Comment donc le pain aurait-il été physiquement son corps ? Quand nous disons, montrant une photographie ou un tableau : «ceci est mon père», personne ne s’y méprend. Quand le Seigneur dit : «ceci est mon corps», il exprime donc la pensée que ce pain est le symbole de son corps, respectivement le vin celui de son sang ; mais il y a plus sans doute : pour nos âmes et spirituellement, le pain de la Cène et la coupe du Seigneur sont, pour la foi, la «Communion du corps et du sang du Christ».
«Ceci est... pour vous», dit le Seigneur. J’ai pris sur moi le jugement, l’abandon, la souffrance ; «ceci est pour vous». Mépriserons-nous ce qu’Il nous offre ainsi et qu’Il nous demande de faire en Sa mémoire ?
«Faites ceci...» : n’est-ce pas la plus grande chose que nous puissions faire pour Lui sur la terre ? Le Seigneur ne doit-il pas, depuis la gloire, apprécier tous ceux qui, en quelque mesure, souvent avec beaucoup d’ignorance ou perdant de vue une partie de la signification de ce mémorial, le font pourtant en mémoire de Lui ? Tout en nous appliquant à répondre à Son désir, aussi soigneusement que possible selon Sa Parole, gardons-nous de jamais mépriser ceux qui le font de coeur dans des milieux mélangés ou d’une manière qui traduit leur manque de connaissance. Ceci ne veut pas dire qu’il faille accepter les déviations de l’institution du Seigneur ; loin de là ; il importe de défendre la vérité contre toute déformation ou tout emploi déplacé ou abusif que l’on ferait de ce mémorial. Mais c’est tout autre chose que de regarder de haut en bas ceux qui, dans l’ignorance plus ou moins responsable de bien des choses, ont pourtant à coeur de se souvenir de la mort du Seigneur.
«Toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez la coupe, vous annoncez la mort du Seigneur» (1 Cor. 11:26).
Un puissant témoignage est donc rendu sans paroles, devant le monde et les anges, à la mort du Seigneur. On comprend que Satan s’acharne à voiler, à obscurcir, à déformer un tel témoignage ou cherche à faire tomber ceux qui le rendent, afin de jeter le discrédit sur eux. Produire des disputes et des contestations entre frères est l’oeuvre directe de l’ennemi pour détourner les âmes et de ce mémorial et du Seigneur lui-même. Nous devons donc prendre garde, d’une façon particulière, à ne pas donner prise à l’adversaire, mais avec humilité et fermeté, veiller à ce que ce témoignage rendu à la mort de notre Seigneur puisse être maintenu.
Malgré tout ce que la Parole nous dit de la ruine, annoncée par le Seigneur et par les apôtres, elle ne prévoit pas d’époque — nous ne parlons pas de circonstances locales — où il ne soit plus possible de prendre la Cène. Au contraire, il nous est dit expressément «... jusqu’à ce qu’Il vienne». Quand le Seigneur sera venu, il sera trop tard pour répondre à Son désir et pour rendre ce témoignage à Sa mort. Peut-être n’est-ce plus que pour «encore très peu de temps» que nous pouvons le faire !
Il vaut la peine de lire soigneusement tout le passage de 1 Corinthiens 10:14 à 22 et de le considérer avec le contexte qui précède et qui suit. Depuis le chapitre 8, l’apôtre a en vue l’idolâtrie et les choses sacrifiées aux idoles. Après diverses digressions, il y revient plus particulièrement dans notre verset 14 : «C’est pourquoi, mes bien-aimés, fuyez l’idolâtrie». Il va donner dans les phrases qui suivent les raisons pour lesquelles il faut fuir l’idolâtrie.
De même que les chrétiens ont communion au sang et au corps du Christ, et communion les uns avec les autres, dans la fraction du pain ; — de même que les sacrificateurs en Israël qui mangent les sacrifices ont communion avec l’autel — de même ceux qui mangent une chose sacrifiée aux idoles, ont communion avec les démons qui se cachent derrière l’idole. Voilà pourquoi on ne peut boire et la coupe du Seigneur et la coupe des démons.
Tout le passage a pour but de démontrer qu’en participant à une table, à un autel, on est en communion avec l’autel, avec ce qui y est offert et avec ceux qui y participent. Ce «principe de communion», d’où découlent la solidarité et la responsabilité commune, est le troisième principe dont la synthèse avec celui du «résidu» et celui que «ce qui est de Dieu subsiste», nous montre quel est le chemin du rassemblement selon Dieu aujourd’hui.
L’apôtre employant à cette occasion l’expression de «table du Seigneur», nous en sommes venus à désigner par ce vocable cet aspect de la Cène où tout particulièrement la communion est exprimée.
Cette communion est double : d’une part, la communion du sang du Christ et la communion du corps de Christ ; d’autre part, la communion les uns avec les autres : en participant au seul et même pain, nous mettons en évidence le fait que nous sommes «un seul pain, un seul corps». C’est même aujourd’hui le seul moyen d’exprimer publiquement sur la terre l’unité des croyants en un seul corps.
C’est pourquoi il ne faut pas aller à l’encontre de cette unité en se rassemblant sur une autre base ou pour d’autres motifs, ou en s’associant pour la fraction du pain à de tels rassemblements. Ce serait en outre se rendre solidaire des erreurs qui peuvent y être enseignées ou maintenues. Il est donc nécessaire de se tenir à part de toute organisation qui, dans sa base même, contredit le rassemblement comme membres du corps de Christ. Mais il importe d’embrasser dans ses pensées, dans son coeur, dans sa vision, tous les rachetés comme le Seigneur les voit : tous membres du seul corps, même si quelques-uns seulement expriment cette unité en participant à la fraction du pain.
Qui est digne de prendre part à ce mémorial ? Personne, si nous regardons à nous-mêmes ; mais le Seigneur n’est-Il pas digne que nous nous souvenions de Lui ? Il a tout fait, en s’offrant en sacrifice, pour «rendre parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés». C’est donc comme fruit du travail de son âme et «rendus agréables dans le Bien-Aimé» que nous pouvons nous approcher de Sa table.
Mais un état moral est requis, tel que l’expriment les versets 27 à 34 de 1 Corinthiens 11. «Que chacun s’éprouve soi-même…», pour voir s’il est digne ? Non, mais... «et qu’ainsi il mange !» En s’éprouvant soi-même, on se verra indigne ; dans la lumière, on sera amené à juger ses fautes et soi-même ; mais l’on se souviendra aussi que l’oeuvre de Christ a tout effacé ; on s’affermira sur la promesse que «si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité». Et ainsi on mangera du pain et boira de la coupe, dans le sentiment de la grâce, qui seule nous permet d’avoir part à ce repas.
Il en découle que de jeunes enfants, même s’ils sont au Seigneur, ne semblent pas devoir participer à la Cène. Il faut un certain discernement moral, savoir «marcher», «se juger», comme aussi être «des personnes intelligentes» (1 Cor. 10:15) qui discernent ce qu’elles font. Il ne s’agit pas d’un certain bagage de connaissances, mais plutôt d’un état moral capable de discerner.
Nous sommes mis en garde de ne pas «manger le pain ou boire la coupe du Seigneur indignement». Le sens littéral est «d’une manière indigne» c’est-à-dire comme le faisaient les Corinthiens, par un comportement et une attitude au moment même, incompatibles avec l’acte accompli ; mais on voit par le contexte que s’approcher sans se juger soi-même, est aussi le faire indignement. Venir à la Table du Seigneur dans un autre sentiment que celui de la grâce, par exemple dans celui de la propre justice — après tout, je suis aussi digne qu’un autre ! — ou avec légèreté, c’est s’exposer à être considéré «coupable à l’égard du corps et du sang du Seigneur».
Par son attitude, par son état moral, par une ambiance de contestations et de disputes, on en peut arriver à «mépriser l’assemblée de Dieu». Négliger le jugement de soi-même expose au châtiment du Seigneur : «c’est pour cela que plusieurs sont faibles et malades parmi vous, et qu’un assez grand nombre dorment». Châtiment qui se vérifie tant au point de vue physique que spirituel.
«La Cène dominicale» appartient au Seigneur. C’est donc Lui qui décide qui peut participer.
Il est clair que seuls les rachetés, qui ont été lavés dans le sang de l’Agneau, sont invités à ce mémorial. Au début des Actes, les conversions étaient si évidentes, la manifestation de la vie telle, qu’il n’y avait aucune hésitation : ceux qui recevaient la Parole étaient sans autre «ajoutés». Mais nous avons vu comme rapidement le mal est entré et a donné lieu à diverses instructions. 1 Corinthiens 5 nous montre comment le méchant doit être ôté ; celui donc qui porte ce caractère ne peut pas être reçu à la Table du Seigneur : il y apporterait un levain qui souillerait toute l’assemblée. Mais le levain ne représente pas seulement le mal moral, mais aussi doctrinal, selon Galates 5:9. Celui qui n’apportait pas la doctrine de Christ ne devait pas être reçu dans les maisons des croyants, et même en le saluant, «on participait à ses mauvaises oeuvres» (2 Jean 10 et 11). Combien plus, en exprimant avec lui la communion à la Table du Seigneur, participerait-on à son mauvais état ! Et 2 Timothée 2 nous a montré que, la ruine avançant, il importe, dans le temps du «résidu», de se retirer d’abord de l’iniquité et de se purifier des vases à déshonneur, avant de pouvoir se réunir avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un coeur pur. Des limitations ont donc été apportées par la Parole, de sorte que si, fondamentalement, tous les membres du corps de Christ ont leur place à la Table du Seigneur, souvent des obstacles divers se présentent qui empêchent la réalisation pratique d’une telle communion.
Qui décidera que celui qui désire s’approcher de la fraction du pain, répond à la pensée du Seigneur à cet égard ? Ni un frère, ni des frères, mais seule l’assemblée a reçu du Seigneur l’autorité administrative ici-bas (Matt. 18:18). Si l’assemblée de Jérusalem avait peine à recevoir le jeune Saul, sans s’être assurée préalablement de sa conversion, combien plus aujourd’hui est-il difficile de discerner d’emblée si une personne répond à l’enseignement de la Parole quant à la fraction du pain. Ce n’est pas seule l’affirmation de quelqu’un qui prouve qu’il a la foi, mais les oeuvres qui en découlent (Jacq. 2:18) ; il faudra peut-être du temps pour le discerner clairement, comme aussi pour s’assurer qu’il n’y a pas d’obstacles tels que mentionnés ci-dessus. C’est pourquoi il faut aujourd’hui «demander sa place» à la Table du Seigneur ; et un temps plus ou moins long s’écoulera jusqu’à ce que la conscience de l’assemblée soit au clair pour la réception. En pratique, l’assemblée peut manquer par précipitation, mais aussi par lenteur excessive. Un tel temps sera quand même mis à profit par l’intéressé pour approfondir tout particulièrement les enseignements de la Parole relatifs à l’assemblée et à la Cène ; c’est le moment ou jamais de le faire. L’assemblée, une fois convaincue que celui qui demande est un enfant de Dieu, chez qui il ne se présente pas d’obstacle, elle le reconnaîtra comme tel. Il prendra alors la Cène, non pas «parce qu’il a été reçu», ou «parce qu’il est devenu un membre de l’assemblée», mais parce qu’il est un enfant de Dieu, un membre du corps de Christ (voir A.G. «Assemblée de Dieu», page 73. — J.N.D. «Qu’est-ce qu’une secte», page 4).
Dans une association professionnelle, par exemple, un candidat à l’admission doit être de la profession requise, médecin dirons-nous ; il sera sur demande admis par une décision du comité ou de l’assemblée générale de cette association. Depuis ce moment-là, il en sera membre. Si un jour l’association ne lui plaît plus, il donnera sa démission qui sera acceptée au bout de la période statutaire. Il n’en est pas ainsi de l’assemblée de Dieu. On devient membre du corps de Christ par la nouvelle naissance et le sceau du Saint Esprit ; aussi lorsqu’un croyant demande sa place à la Table du Seigneur, l’assemblée ne fait-elle que reconnaître ce qui existe. Il y est alors donné un témoignage public ; et celui qui «prend sa place» à la Table du Seigneur, le fait comme un membre du corps de Christ et rien d’autre.
Comme on l’a dit, si «une corporation de chrétiens reconnaît comme ayant droit à recevoir la Cène ses membres à elle, il y a une unité formellement opposée à l’unité du corps de Christ... On marche dans l’esprit de secte quand ceux-là seuls sont reconnus d’une manière pratique, sans même que l’on se dise proprement membre d’une corporation» (J.N.D).
Pourquoi bien des jeunes, qui sont pourtant sans aucun doute au Seigneur, se tiennent-ils éloignés de ce mémorial ? Peut-être ont-ils peur d’aliéner une parcelle de leur chère liberté ? Peut-être aussi craignent-ils de ne pas marcher à la gloire du Seigneur et de s’exposer à la discipline de l’assemblée ? Plus souvent ils sont indifférents ou voient des obstacles imaginaires. D’où viennent toutes ces réticences ? N’est-ce pas l’ennemi qui sait les susciter, même sous des prétextes plausibles, afin que l’on ne réponde pas au dernier désir du Seigneur ? Cela nous montre, une fois de plus, que seul l’amour pour le Seigneur, placé au-dessus de toutes les considérations humaines, peut amener à «faire ceci en mémoire de Lui». C’est pour Lui seul qu’il importe de prendre la Cène, non pas sous l’influence de quelqu’un, ou parce que cela convient, ou même «comme une sauvegarde».
Si par amour pour le Seigneur, on répond à Son désir, ne peut-on pas, avec foi, compter sur Sa puissance pour nous garder du mal et nous amener à marcher dans le jugement de nous-mêmes et dans le sentiment de la grâce ?
Nous recommandons instamment à toute personne préoccupée par ce sujet, de lire et de relire la brochure de J. N. D. «La discipline».
Les pages 205 à 255 du volume anglais de R.K. Campbell : «The Church of the living God» (traduit en français : L’Église du Dieu vivant), sont aussi pleines d’instructions détaillées sur ce sujet important.
Il y a diverses :
Responsabilités en rapport avec la Cène : Tout d’abord celle d’y participer. Puis celle de se juger soi-même et de discerner le corps. En outre, de ne pas amener du levain qui souille l’assemblée, «la pâte tout entière». Finalement, la responsabilité pour l’assemblée «d’ôter le vieux levain... ôter le méchant» du milieu d’elle-même. C’est la discipline au sens restreint.
Mais ceci n’en est que la dernière phase. Il y a une discipline préventive et une discipline corrective ; et seulement lorsque tout le reste a échoué et que le caractère de «méchant» est manifeste, vient le retranchement.
La discipline paternelle exhortera, lavera les pieds selon Jean 13 ; reprendra selon 1 Timothée 5 ; redressera selon Galates 6 ; avertira comme dans 1 Thessaloniciens 5:14.
Si cette discipline paternelle s’est révélée insuffisante, la Parole nous présente l’admonestation publique, aux anciens dans 1 Timothée 5:20 ; à l’homme sectaire à deux reprises en Tite 3:10 et 11. Elle préconise la mise à l’écart de ceux qui marchent dans le désordre en 2 Thessaloniciens 3:6 à 15 ; en Romains 16:17 et 18, elle va encore plus loin à l’égard de ceux qui causent des divisions, des partis.
Dans les cas de faute personnelle, Matthieu 18:15 à 17 nous montre le chemin à suivre.
Ce n’est que lorsque toutes ces choses ont échoué qu’en dernière phase en quelque sorte, on en arrive à l’excommunication, selon 1 Corinthiens 5.
Il y a un mal manifeste, un levain, dont toute l’assemblée est contaminée (cf. Josué 7). L’assemblée doit donc se purifier, ôter le mal du milieu d’elle-même. mais d’abord en le faisant sien devant Dieu et en «menant deuil afin que celui qui a commis cette action soit ôté du milieu de vous».
On voit dans Lévitique 13, à propos de la lèpre, avec quels soins et quelle prudence le sacrificateur devait procéder avant d’en arriver à la décision finale. Si sous la loi ces choses étaient de mise, combien plus encore sous la grâce ; mais la grâce ne veut pas dire indifférence au mal caractérisé.
La discipline est exercée par l’assemblée comme telle, pas par un ou quelques frères, même si ceux-ci procèdent à un examen préalable. Dans son pouvoir apostolique, l’apôtre pouvait juger de «livrer un tel homme à Satan pour la destruction de la chair», mais ce n’est pas lui qui pouvait ôter le vieux levain ; il fallait que l’assemblée de Corinthe le fasse. C’était là tout ce que l’assemblée peut faire ; livrer à Satan n’est pas de son ressort.
La décision de l’assemblée, une fois prononcée, est ratifiée dans le ciel, selon Matthieu 18:18 ; elle est donc valable pour toutes les assemblées. Son but est double : «afin que vous soyez une nouvelle pâte, comme vous êtes sans levain» ; et afin que le coupable soit restauré dès que le mal aura été vraiment jugé. C’est ce que nous enseigne 2 Corinthiens 2:5 à 11. Là encore, cette restauration ne pouvait être le fait d’un frère ou de plusieurs, même pas d’un apôtre, mais uniquement de l’assemblée qui seule pouvait «délier» ce qu’elle avait précédemment «lié».
Il est infiniment sérieux et grave d’en arriver à une telle nécessité, et l’on doit souvent se demander si tous les efforts de la discipline paternelle et de la discipline corrective ont bien été accomplis. Mais si l’on a dû en arriver à ce triste aboutissement, il importe aussi de se conformer à ce que la Parole enseigne : «Que vous n’ayez pas de commerce avec lui, que vous ne mangiez pas même avec un tel homme».
Est-il besoin d’ajouter que dès que l’oeuvre de l’Esprit dans la conscience et le coeur, s’est manifestée, l’attitude change et comme le dit la Parole : «Vous devriez plutôt pardonner et consoler, ... ratifier envers lui votre amour» (2 Cor. 2:7 et 8). Ne devrions-nous pas avoir, en de telles matières, l’attitude du père en Luc 15, qui était comme à l’affût du retour de son fils ? Quand il l’aperçoit, «comme il était encore loin», ému de compassion, il court à lui, se jette à son cou et le couvre de baisers. Prérogative de la grâce qui veut restaurer, ramener, pardonner. Et qui, lorsque la restauration est pleinement accomplie, ne revient plus sur les chutes passées.
Lire Éph. 5:22 à 32 ; Matt. 13:45 et 46 Apoc. 19:7 à 9 et 21.
Nous recommandons particulièrement, à propos d’Éphésiens 5, de lire les pages 370 à 382 de l’«Étude sur la Parole» de J.N.D. sur les Éphésiens ; elles sont parmi les plus belles pages qu’ait écrites ce serviteur du Seigneur.
La Parole de Dieu emploie l’exemple du corps pour montrer l’union de Christ et des rachetés, telle que le Saint Esprit l’a produite. Nous avons vu la figure de la maison, édifice que le Seigneur construit, mais, d’un autre côté, confié à l’homme et que la ruine a atteint. Il fallait une autre image pour nous faire saisir la profondeur de l’amour du Christ pour l’assemblée. Où la prendre ?
Pour nous rendre présentes en quelque mesure les relations de la divinité, telle qu’elle s’est révélée à nous, l’Esprit de Dieu emploie les noms du Père et du Fils. Nous savons par expérience sur la terre la valeur de telles relations.
L’affection entre frères résulte du fait d’avoir la même vie, la même nature, le même père, de descendre de la même origine.
Mais le lien de l’époux avec l’épouse provient d’une autre source. Ils n’avaient pas tous deux la même origine ; au contraire. Chacun était dans sa sphère, n’ayant pas la même vie, pas la même famille. Qu’est-ce qui les rapproche et les unit plus indissolublement que des frères ensemble ? C’est l’amour : «Christ a aimé l’assemblée». Voilà la source de tout.
«Il s’est livré Lui-même pour elle» — Il ne la sanctifie pas pour la faire sienne, mais la fait sienne pour la sanctifier. Tout ce qu’Il était a été donné par Lui-même. Et maintenant tout ce qui est en Lui, tout est consacré au bien de l’assemblée. Il n’y a pas de qualités, pas d’excellences en Christ qui ne soient à nous dans leur exercice, en conséquence du don de Lui-même.
L’ayant acquise, il la sanctifie. Il la forme pour les réalités célestes par la présentation de ces choses dont Il est Lui-même la plénitude et la gloire. Il le fait par la Parole, en communiquant en amour tout ce qui appartient à la nature et à la majesté et à la gloire de Dieu.
Mais de plus Il la purifie ; Il applique la Parole aussi pour juger tout ce qui, dans les affections actuelles de l’assemblée, est en désaccord avec ce qu’Il communique ; Il travaille pour nous rendre propres à jouir de Son amour (J.N.D).
Il y a donc une oeuvre passée : Il s’est livré Lui-même ; une oeuvre présente : Il sanctifie et Il purifie ; et un but à venir : Il se présentera l’assemblée à Lui-même glorieuse.
Tout était déjà résumé dans la petite parabole de la perle en Matthieu 13. Nous avons considéré avec tristesse les paraboles qui nous parlent de la ruine : l’oeuvre de l’ennemi dans le champ ; le mal qui s’abrite dans les branches de l’arbre qui a crû excessivement ; le levain qui a pénétré dans les trois mesures de farine (*). Mais le Seigneur ne s’est pas arrêté là. Il a eu la joie de dire «encore» (v. 44), et «encore» (v. 45), et de nous parler de ce marchand qui «ayant trouvé une perle de très grand prix, s’en alla et vendit tout ce qu’il avait et l’acheta». Belle figure de Celui qui a tout donné pour acquérir l’assemblée, la tirant du fond des mers de ce monde, où elle a été lentement formée, «s’en allant» pour la racheter comme le bouc azazel s’en allait dans le désert chargé des péchés d’Israël (Lév. 16), donnant pour elle tout ce qu’Il avait, afin de la rendre sainte et irréprochable.
(*) Voir notre brochure «l’enseignement pratique des Paraboles»
Un jour Il se présentera l’assemblée «à Lui-même». Dans l’évangile, le Seigneur parlait déjà en parabole de ce roi qui fit des noces «pour son fils». Nous aimons à penser à l’oeuvre du Seigneur pour nous, mais n’oublions jamais que tout est «de Lui, et par Lui, et pour Lui».
Apocalypse 19:7 à 9 nous donne en quelque sorte le premier tableau de cette assemblée glorieuse qu’Il se présente à Lui-même. C’est, comme dit le Cantique 3:11, «le jour de la joie de Son coeur». L’Agneau qui a tant souffert, reçoit le fruit du travail de son âme, la récompense de son amour.
«Sa femme s’est préparée». On peut découvrir, dans cette expression, deux significations. Le banquet des noces correspond dans le ciel au repas de la Cène sur la terre. Pour se préparer à la Cène, il faut se juger soi-même, et avant de participer au banquet dans le ciel, il faudra passer au tribunal de Christ : non pour y être condamné, mais pour que tout ce que nous avons fait dans le corps, soit bien, soit mal, soit mis en lumière ; que tout ce qui est de nous-mêmes disparaisse ; nous saisirons enfin pleinement la valeur du sang qui a tout effacé ; il ne restera ainsi aucune ombre entre notre Seigneur et nous. Préparation indispensable et admirable à la pleine jouissance de Son amour. Mais il y a dans cette «préparation» une pensée parallèle en rapport avec le vêtement de fin lin qui sont «les justices des saints». Il ne s’agit pas de la robe de justice, telle que Dieu l’a donnée en Christ, mais du vêtement que fil à fil nous aurons tissé sur la terre : chaque acte, chaque parole, chaque attitude, fruit de la vie divine en nous, sera comme un des fils de ce vêtement, un des points de cette broderie. Que de pensées remplissent le coeur d’une fiancée qui prépare ainsi sa robe de noce ! Comme elle se réjouit du jour où elle la portera aux côtés de son époux ! Quelle douce lumière cela jette sur la fidélité au Seigneur ici-bas : non pas l’obéissance légale à des commandements, mais le désir du coeur qui veut Lui plaire, qui «éprouve ce qui est agréable au Seigneur», qui «marche soigneusement» par amour pour Lui.
Ce sont enfin les noces de l’Agneau ; ici-bas c’est la Cène du Seigneur : nous lui devons obéissance ; mais dans la gloire, c’est son caractère d’Agneau qui brille aux yeux de tous, au milieu du trône et au banquet des noces : Celui qui a souffert, qui a été obéissant jusqu’à la mort, qui a tout accompli pour Ses rachetés.
Apocalypse 21 nous présente enfin l’épouse dans la gloire ; les versets 2 à 5, dans l’état éternel ; les versets 9 à 22, pendant le règne millénaire.
Contraste frappant avec la grande prostituée du chapitre 17. Pour la considérer, Jean était emporté en esprit «dans un désert» : un endroit où il n’y a rien pour Dieu. Mais pour voir la sainte cité, il est transporté «sur une grande et haute montagne». Loin du monde, de son agitation, de ses convoitises, de ses préoccupations. Tel autrefois le Seigneur abaissé, transfiguré «sur une haute montagne», où Ses disciples ont vu Sa gloire.
La sainte cité «descend». L’apôtre Paul nous présente des hommes morts dans leurs fautes et leurs péchés, ou vivants dans leurs péchés, que Dieu tire de ce monde, rachète, vivifie, ressuscite, fait asseoir en Christ dans les lieux célestes. L’assemblée sera enlevée de ce monde dans la gloire. L’apôtre Jean, à l’inverse, nous parle de la Parole qui était auprès de Dieu, devenant chair et habitant au milieu de nous. Il nous donne dans ses épîtres le déploiement de la nature divine dans ce monde ; et ici nous présente l’assemblée comme descendant d’auprès de Dieu pour, durant l’administration du règne, réfléchir la lumière : les rayons de la gloire du Christ.
Dans la cité, tout parle de Lui ; le jaspe : Dieu connu dans Sa gloire ; les pierres précieuses : les gloires variées de Christ ; les portes de la cité : des perles qui rappellent la valeur que cette assemblée a pour Lui. Tout est pureté, transparence et lumière ; «la gloire de Dieu l’a illuminée et l’Agneau est sa lampe».
Mais à la fin du tableau, le verset 27 reste solennel : «Il n’y entrera aucune chose souillée, ni ce qui fait une abomination et un mensonge». Qui donc pourra entrer dans la cité sainte ? «Seulement ceux qui sont écrits dans le livre de vie, ceux qui lavent leurs robes, et qui les lavent dans le sang de l’Agneau» (Apoc. 21:27 ; 22:14 ; 7:14).
Dans l’état éternel, nous voyons de nouveau, comme une épouse ornée pour son mari, sainte cité, nouvelle Jérusalem, l’assemblée «descendre». Dans quel but ? «Voici l’habitation de Dieu est avec les hommes, et Il habitera avec eux ; ils seront son peuple et Dieu Lui-même sera avec eux leur Dieu». C’est alors que, selon 1 Corinthiens 15, «Dieu sera tout en tous». La présence de Dieu a été perdue lors de la chute ; partiellement retrouvée au tabernacle puis au temple, elle brille en Jésus ici-bas ; réalisée davantage dans l’assemblée, elle sera la bénédiction éternelle de tous les hommes qui peupleront les nouveaux cieux et la nouvelle terre.
Une dernière fois, la Parole mentionne l’épouse pour nous dire : «Et l’Esprit et l’épouse disent : Viens» (Apoc. 22:17). Le livre sacré va clore ses pages, mais il faut encore que ce cri retentisse : «Viens». «Amen ; viens, Seigneur Jésus !»
Ô jour heureux lorsqu’en ta gloire,
Aux yeux des tiens tu paraîtras
Avec le cri de la victoire,
Vers toi, Jésus, tu nous prendras.